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Soudan du Sud : Le procès explosif de Riek Machar, l’éternel rival, s’ouvre enfin à Juba
Placé en résidence surveillée depuis six mois, le leader de l'opposition Riek Machar comparaît ce lundi pour "trahison" et "terrorisme". Un procès à haut risque qui pourrait soit enflammer le pays, soit marquer un tournant décisif.

Le suspense est rompu. Ce lundi matin, dans l’enceinte du Freedom Hall, la justice sud-soudanaise ouvre l’un des procès les plus attendus, et les plus périlleux, de son histoire. Sur le banc des accusés : Riek Machar, le numéro un de l’opposition, visé par des accusations gravissimes allant du meurtre à la trahison, en passant par les crimes contre l’humanité.
Accusations et contexte : un passé qui resurgit
Le dossier est brûlant. Machar et sept de ses proches, dont le ministre du Pétrole Puot Kang, sont accusés d’avoir fomenté de sanglantes attaques en mars dernier contre l’armée loyaliste dans la région du Haut-Nil. Le bilan est lourd : un général, plus de 250 soldats et même un pilote de l’ONU ont perdu la vie. Une offensive qui a valu à Machar un strict placement en résidence surveillée. Ce procès marque sa première apparition publique depuis six mois.
Mais pour comprendre l’ampleur de l’événement, il faut revenir en arrière. Machar et le président Salva Kiir sont des ennemis jurés depuis des décennies. Leur rivalité a plongé le jeune pays dans une guerre civile atroce (2013-2018), faisant 400 000 morts. L’accord de paix de 2018, censé tourner la page, avait pourtant ramené Machar à Juba en 2020 pour former un gouvernement d’union. Une réconciliation fragile qui vole aujourd’hui en éclats.
Un pays sous tension
Alors que les avocats s’apprêtent à plaider, la situation sur le terrain reste explosive. Preuve que la violence n’est pas qu’une affaire de tribunal : des combats ont une nouvelle fois éclaté ce week-end dans le Haut-Nil entre forces gouvernementales et rebelles. Bilan : au moins 50 morts. Une tension palpable qui plane sur la salle d’audience.
Maître Kur Lual Kur, l’avocat de la défense, tente de projeter une image de sérénité. Il affirme à RFI que son client, Riek Machar, est « en bonne santé » et « attend le début de son procès pour pouvoir se défendre ». Une défense qui s’annonce musclée, face à des charges qui peuvent conduire à la peine capitale.
Le sort du pays en jeu
Ce procès est bien plus qu’une simple procédure judiciaire. C’est un bras de fer politique qui engage l’avenir de toute la nation. Va-t-il apaiser les tensions en offrant une forme de justice, ou au contraire, jeter de l’huile sur le feu et raviver le conflit ? Toute la communauté internationale a les yeux rivés sur Juba. Le Soudan du Sud, indépendant depuis seulement 2011, se trouve à un carrefour critique de son histoire. La suite dépend de ce qui va se jouer, dès aujourd’hui, dans le prétoire.