FlashReportageSociété

Gabon : le prix de la connaissance – La fin des transports gratuits, un casse-tête pour les familles

Le compteur est en marche. Pour des générations d’élèves et d’étudiants gabonais, le trajet vers les salles de classe était un droit, non une charge. Désormais, chaque course en taxi sonne comme un rappel à l’ordre économique : la mobilité a un coût, et pèse lourd sur des budgets familiaux déjà sous tension. La fin de la gratuité des transports publics transforme le simple fait de se rendre en cours en une équation financière quotidienne.
 
Le constat est criant : dans les files d’attente aux arrêts de bus, sur le visage des parents, l’inquiétude a remplacé la sérénité. Une angoisse que résume Ange Marvine, étudiant. Pour lui, la mesure est un coup de massue pour les foyers les plus modestes. »Toutes les familles n’ont pas assez d’argent pour payer le taxi à leurs enfants.C’est un coup dur pour elles. »
 
Au-delà de l’argent, c’est un filet social qui se dérobe.Lilian Moro, un autre étudiant, dénonce une décision qui pénalise directement ceux pour qui la gratuité était une bouée de sauvetage. »Ce mécanisme de transport facilitait la vie aux élèves qui habitent les banlieues et apprennent au centre ville.L’arrêter brutalement, ce n’est pas normal. Le rôle de l’État est d’accompagner les populations surtout les plus faibles. »
 
Face à cette colère, l’argument de la raison d’État avance, difficilement.Le journaliste Markky Edzang Nzué apporte un éclairage plus froid, mais essentiel : celui de la nécessité économique. »C’est une situation pénalisante pour les pères et mères de famille d’autant qu’elle intervient en pleine année scolaire.Mais si on veut développer le pays, il faut parfois passer par ce genre de décision forte. »
 
« Décision forte », peut-être. Mais sur le terrain, le calcul est impitoyable.Emeline Ngouéni, mère de famille, a fait les comptes. Le résultat est sans appel : la galère. »Une fois tu as deux ou trois enfants qui apprennent à des endroits différents et que le taxi coûte 1000 francs CFA par jour,totalisé sur une fin du mois, c’est la galère. »
 
L’État gabonais joue donc un dangereux équilibre entre l’assainissement des finances publiques et la protection du pouvoir d’achat. Si la fin de la gratuité est présentée comme un remède nécessaire à la santé économique du pays, ses premiers effets sont amers : ils se mesurent dans le poids des cartables alourdis par cette nouvelle charge, et dans l’amer constat que, pour certains, le droit à l’éducation pourrait bien devenir un luxe. Le débat entre austérité et solidarité est ouvert. Mais dans l’immédiat, ce sont les familles qui paient les premiers frais.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page