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L’ Éthiopie inaugure une centrale de gaz naturel liquéfié

En inaugurant simultanément une centrale de gaz naturel liquéfié et le plus grand barrage hydroélectrique du continent, Addis-Abeba envoie un signal fort : celui d'une ambition énergétique totale, destinée à alimenter son développement et à exporter son courant dans toute la région.

Alors que l’inauguration du Grand Barrage de la Renaissance (GERD) le 9 septembre 2025 a marqué les esprits, une autre réalisation énergétique d’envergure a été dévoilée en Éthiopie : une centrale de gaz naturel liquéfié (GNL) d’une capacité annuelle de 111 millions de litres, contribuant également à la production d’électricité avec une puissance de 1 000 mégawatts . Cette double annonce consolide la stratégie du pays pour devenir un hub énergétique régional.
Jusqu’à présent, l’Éthiopie dépendait très majoritairement de l’hydroélectricité, qui représentait 96,7 % de sa production d’électricité en 2022 . Le lancement d’une centrale de GNL d’une telle ampleur marque un tournant. Cette installation permet au pays de diversifier son mix énergétique, réduisant sa vulnérabilité face aux sécheresses qui peuvent affecter la production des barrages.
 
Cette nouvelle infrastructure joue un double rôle : elle répond à la demande croissante en gaz naturel liquéfié et injecte 1 000 MW supplémentaires dans le réseau électrique national . Cette capacité représente une addition significative, équivalente à environ un cinquième de la puissance du mégabarrage GERD .
L’inauguration presque simultanée de ces deux projets place l’Éthiopie sous les projecteurs de l’actualité énergétique africaine. Le Grand Barrage de la Renaissance, avec ses 5 150 MW de capacité prévue, est présenté comme le plus grand ouvrage hydroélectrique d’Afrique .
 
Le Premier ministre Abiy Ahmed l’a décrit comme une « grande réussite pour toutes les populations noires » . Ce barrage, dont la construction a duré quatorze ans, doit permettre au pays de doubler sa production d’électricit.  Le gouvernement anticipe des retombées d’environ un milliard de dollars par an grâce aux ventes d’électricité, dont une partie à l’exportation .
Ces ambitions énergétiques s’accompagnent d’enjeux géopolitiques complexes, particulièrement autour du GERD. L’Égypte, qui dépend du Nil pour son approvisionnement en eau, a adressé une lettre de protestation au Conseil de sécurité de l’ONU, qualifiant le barrage de « mesure unilatérale violant le droit international » . Le Caire craint un impact sur son approvisionnement en eau, une « menace existentielle » selon ses diplomates.  Malgré ces tensions, la coopération énergétique se développe en aval. Le Soudan achète déjà 10% de son électricité à l’Éthiopie, et des pourparlers sont en cours pour augmenter ces importations de 1 000 MW supplémentaires .
 
La concomitance de ces deux inaugurations révèle une stratégie énergétique cohérente et multidimensionnelle. En développant simultanément l’hydroélectricité à très grande échelle et des infrastructures gazières modernes, l’Éthiopie cherche à la fois à sécuriser son approvisionnement énergétique interne en diversifiant ses sources de production; positionner son économie pour attirer des industries gourmandes en énergie et à devenir un exportateur clé vers les pays voisins, renforçant son influence régionale et ses revenus.
 
Si le pays parvient à gérer judicieusement les tensions diplomatiques liées au partage des eaux du Nil tout en développant son réseau d’interconnexions électriques, il pourrait effectivement incarner la « centrale électrique de l’Afrique » qu’il appelle de ses vœux .

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