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ZLECAf : Le réveil du géant africain ? Les premiers échanges commerciaux s’envolent, mais le défi reste de taille

Du café rwandais au Ghana, de la viande éthiopienne en Afrique du Sud : la zone de libre-échange continentale passe de la théorie à la pratique, mais son véritable décollage est encore en cours.

Ça y est, les camions et les avions cargos s’ébranlent ! La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), souvent présentée comme un projet pharaonique, quitte peu à peu les cartons des diplomates pour entrer dans la réalité des ports, des douanes et des marchés. Les annonces se multiplient, signant les prémices concrètes d’un marché intégré tant attendu.
 
L’Éthiopie entre en scène
 
La dernière en date ? L’Éthiopie. Fin de semaine dernière, le pays a annoncé le lancement de ses premières expéditions officielles sous le régime préférentiel de la ZLECAf. Direction la Somalie, le Kenya et l’Afrique du Sud, avec à bord de la viande, des fruits et d’autres produits agricoles. Une opération présentée par Addis-Abeba comme son entrée effective dans le grand jeu du commerce intra-africain.
 
Mais l’Éthiopie n’est pas une pionnière solitaire. Elle rejoint un mouvement initié dès 2022 avec la Guided Trade Initiative (GTI), une phase pilote conçue comme un « bac à sable » géant. L’objectif : tester en conditions réelles les mécanismes complexes de l’accord – dédouanement, certificats d’origine, application des tarifs préférentiels – avant le passage à l’échelle.
 
Un écosystème qui prend forme
 
Les résultats de ce rodage sont tangibles. Selon un rapport de la Banque Afreximbank, à la fin de 2024, la GTI regroupait 38 États, dont des poids lourds comme le Nigeria et l’Afrique du Sud. Sur le terrain, cela se traduit par des cargaisons emblématiques : des batteries kényanes et du café rwandais expédiés vers le Ghana, avec des droits de douane réduits et des formalités simplifiées.
 
Dans l’ombre, les institutions accélèrent. Le secrétariat de la ZLECAf a publié une série de protocoles clés (investissement, numérique, concurrence…) et un outil essentiel, le e-Tariff Book, a été mis à jour pour clarifier les règles d’origine et les taux préférentiels.
 
Des succès qui donnent le tempo
 
Les succès s’accumulent et dessinent une feuille de route encourageante. Sur cette lancée citons, la Namibie  qui a effectué sa première expédition depuis le port de Walvis Bay vers l’Afrique du Sud et le Botswana et la Tanzanie  qui a exporté, entre mai 2023 et décembre 2024, plus de 14 000 tonnes de fibre de sisal vers 17 pays africains dans le cadre de la GTI, engrangeant près de 23 millions de dollars de recettes.
 
Le chemin qui reste à parcourir
 
Malgré cet élan, le géant n’a pas encore trouvé son rythme de croisière. Si 47 pays sur 55 ont ratifié l’accord, la pleine mise en œuvre pour les 1,3 milliard d’Africains reste un objectif. Le défi est désormais d’étendre ces flux à l’ensemble du continent, de simplifier encore les procédures et de connecter les chaînes d’approvisionnement.
 
La ZLECAf est en marche, mais sa course de fond ne fait que commencer. Les premiers pas sont prometteurs, mais c’est à l’échelle de tout un continent que son souffle doit maintenant se faire sentir.

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