FlashInternationalPolitique
Madagascar : Rajoelina joue la carte de la dissolution pour éviter la sienne

À Madagascar, le feuilleton politique atteint des sommets de suspense. Alors que les députés s’apprêtaient à lui offrir un vote de défiance, le président Andry Rajoelina a sorti de son chapeau la dissolution de l’Assemblée nationale. Une manœuvre aussi soudaine que commode, intervenue ce mardi 14 octobre 2025, juste à temps pour couper l’herbe sous le pied de ses opposants.
Le timing est si parfait qu’on se demande s’il ne s’agit pas d’une nouvelle saison d’un thriller politique. Motif officiel de cette dissolution express ? L’article 60 de la Constitution, agrémenté d’une ordonnance de 1962, le tout appliqué sans même passer par la case Journal officiel. Quand il faut aller vite, les formalités attendront.
La veille de ce coup de force institutionnel, M. Rajoelina justifiait son absence du pays en évoquant des raisons de sécurité. Il a déclaré s’être réfugié dans « un endroit sécurisé » pour, selon ses dires, « éviter d’éventuels affrontements meurtriers entre Malgaches ». Une retraite stratégique, donc, qui coïncide étrangement avec des rumeurs de « tentative de coup d’État » et même… d’« assassinat ». De quoi donner des sueurs froides, mais qui laisse aussi songeur sur les péripéties d’un pouvoir en pleine tempête.
En coulisses, la colère gronde depuis des semaines. La population, excédée par des pénuries d’eau et d’électricité dignes d’un autre âge, est descendue dans la rue. Même l’armée a montré des signes de fièvre, avec des mutineries venus ajouter du sel à une soupe déjà bien amère. Le gouvernement a d’ailleurs sauté il y a une semaine, remplacé par un nouveau Premier ministre, le général Ruphin Fortunat Zafisambo. Le remède de cheval pour une crise qui n’en finit pas.
Et pendant ce temps, l’économie malgache tangue. Le FMI, en septembre, pointait déjà du doigt des finances publiques chancelantes et une inflation qui, si elle baisse, reste cinglante à 7,9 %. La croissance, elle, se fait timide : 4 % prévus cette année, bien loin des 5 % espérés par le gouvernement. De quoi se demander si l’instabilité politique n’est pas devenue le principal frein au développement.
Une chose est sûre : à Antananarivo, le jeu des chaises musicales est loin d’être terminé. Et le président, en dissolvant le Parlement, a peut-être sauvé sa peau… pour l’instant.
|