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Madagascar : Les militaires prennent le pouvoir

C’est l’histoire d’un homme qui aime tellement le pouvoir qu’il préfère le dissoudre plutôt que de le partager. Ce mardi 14 octobre, le président malgache Andry Rajoelina a joué sa carte maîtresse : un décret de dissolution de l’Assemblée nationale, publié sur… Facebook, pour ceux qui doutent encore de la solennité des institutions. Authentique, certifie l’AFP. Parce qu’un décret, c’est comme un message d’anniversaire, ça se partage sur les réseaux.
 
Mais les députés, visiblement peu sensibles à l’humour présidentiel, ont riposté en votant à une large majorité la destitution de M. Rajoelina. 130 voix sur 163, soit plus que les deux tiers requis. Une belle claque parlementaire.
 
Pendant ce temps, le président, contesté dans la rue et reclus dans un lieu tenu secret, a qualifié cette réunion de « dépourvue de toute base légale ». C’est osé, pour quelqu’un qui gouvernait il y a peu via un fil d’actualité.
 
L’armée change de camp (encore)
 
Et c’est là que l’histoire prend un parfum de déjà-vu. Le Capsat, cette unité militaire qui avait porté Rajoelina au pouvoir lors du coup d’État de 2009, a décidé de changer de protégé. Le colonel Michael Randrianirina s’est planté devant le palais présidentiel pour annoncer : « On va prendre le pouvoir à partir d’aujourd’hui. » Le Sénat et la Haute cour constitutionnelle ? Dissous. L’Assemblée nationale ? On la laisse travailler, « elle vient de nous rendre un fier service ».
 
La plupart des forces armées, y compris la gendarmerie autrefois en première ligne pour réprimer les manifestants, ont suivi. Le bilan, lui, est lourd : au moins 22 morts et une centaine de blessés selon l’ONU.
 
Scénario catastrophe
 
Rajoelina, élu en 2018 puis réélu en 2023 lors d’un scrutin boycotté par l’opposition, se retrouve donc fragilisé, abandonné par ceux qui l’avaient installé. Dimanche, la rumeur disait même qu’il avait quitté le pays à bord d’un avion militaire français, alimentant les pancartes anti-françaises dans les cortèges.
 
Alors que la Constitution prévoit des élections législatives dans les 60 à 90 jours suivant une dissolution, une question se pose : qui organisera ces élections ? L’ancien pouvoir ? Le nouveau ? Facebook ?
 
Une chose est sûre : à Madagascar, le jeu des chaises musicales politiques vient de prendre un tour particulièrement dangereux.

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