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Mali : le gouvernement secoue son armée en pleine tourmente jihadiste

Le pouvoir malien tire-t-il enfin les conséquences de l’enlisement sécuritaire ? Le général Assimi Goïta, chef de l’État au pouvoir depuis 2020, a procédé à un remaniement en profondeur du haut commandement militaire. Trois hauts gradés ont été limogés, dans un contexte de pressions jihadistes croissantes sur le terrain. Un coup de semonce qui ressemble à un aveu d’échec.
Un commandement en état de siège
La décision, officialisée par décret, n’a pas été motivée. Mais elle intervient dans un climat sécuritaire délétère, où les groupes jihadistes étendent leur emprise et infligent des revers cuisants aux Forces Armées Maliennes (FAMa). L’armée malienne, esseulée après le départ des troupes françaises de l’opération Barkhane et de la force européenne Takuba, semble plus que jamais sur la défensive. Selon les analystes politiques, ce remaniement au sommet sent le sang et la poudre : c’est la réaction d’un pouvoir acculé, tentant de reprendre la main sur une situation qui lui échappe.
La promotion d’un « spécialiste » du dossier jihadiste
Parmi les nominations les plus significatives, celle du nouveau chef d’état-major de l’armée de terre retient l’attention. Il est présenté par les cercles sécuritaires comme un « fin connaisseur du terrain jihadiste ». Son ascension est un signal fort, peut-être même un pari. La junte mise manifestement sur l’expertise tactique et une connaissance intime de l’adversaire pour inverser une dynamique jusqu’ici défavorable. Reste à savoir si cet officier, dont le nom n’était pas immédiatement sur toutes les lèvres, aura les coudées franches et les moyens nécessaires pour mener une contre-offensive décisive.
Changer les hommes plutôt que la stratégie ?
Cette reprise en main du commandement interroge. S’agit-il d’un simple coup de balai cosmétique, destiné à donner le change à une opinion publique impatiente et à des partenaires internationaux sceptiques ? Ou le début d’un véritable revirement stratégique ? Pour l’heure, Bamako continue de s’enfermer dans un partenariat militaire étroit avec le groupe Wagner, dont les méthodes controversées peinent à enrayer l’insurrection.
Le limogeage de ces généraux est un baromètre de la tension qui règne au sein de l’appareil militaire malien. Le général Goïta, en jouant la carte du renouvellement, tente de ressouder des troupes mises à mal. Mais sur le front, face à un ennemi mobile et insaisissable, les nouveaux visages du commandement suffiront-ils à redonner l’initiative aux soldats maliens ? La question, brutale, reste en suspens. Et le temps presse.