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Gabon : vers la création d’une « carte de résident permanent » pour les méga-investisseurs

Le Gabon passe à la vitesse supérieure dans sa quête d’investissements étrangers. Lors du dernier Conseil des Ministres, le Président Brice Clotaire Oligui Nguema a officialisé la création d’une « Carte de Résident Permanent » de dix ans, ciblant explicitement les investisseurs capables d’engager au moins 10 milliards de FCFA (environ 15 millions d’euros) dans le pays.
Cette mesure va bien au-delà d’un simple titre de séjour. Il s’agit d’un pilier central d’une stratégie de rebranding économique pour le Gabon. Le timing est significatif : l’annonce fait suite à la remise du « Golden Prize » décroché par la délégation gabonaise à l’Exposition universelle d’Osaka. Le gouvernement cherche à capitaliser sur cette visibilité internationale pour transformer l’image du pays, passant d’une économie pétrolière à une destination diversifiée et attractive.
 
L’objectif affiché est clair : il ne s’agit pas seulement d’attirer des capitaux, mais de séduire des « capitaux durables » et de stimuler l’« investissement productif ». La carte de résident permanent se veut le sésame pour construire une relation de long terme avec des entrepreneurs étrangers, leur offrant un cadre « sécurisé, stable et favorable à la création de valeur » déclarent les autorités.
 
Le principal avantage de ce dispositif est de fournir une visibilité à long terme (10 ans) aux investisseurs, un facteur clé pour les décisions stratégiques majeures. En offrant la stabilité résidentielle, le Gabon espère se distinguer dans le paysage concurrentiel africain et rassurer les grands fonds et industriels.
 
Pour le pays, les bénéfices escomptés sont multiples : des investissements directs étrangers (IDE) de grande envergure, les projets de cette taille sont susceptibles de générer une importante activité économique directe et indirecte, une opportunité de réduire la dépendance historique aux hydrocarbures en attirant des investissements dans d’autres secteurs (agro-industrie, tourisme, logistique, etc.) et un investissement phare peut en attirer d’autres, créant un écosystème dynamique.
 
Si l’ambition est louable, la mesure n’est pas sans soulever des questions :avec une barre fixée à 10 milliards FCFA, le dispositif cible une infime minorité d’investisseurs – essentiellement des grands groupes internationaux ou des fonds souverains. Les PME et entrepreneurs étrangers, pourtant souvent vecteurs d’innovation et de création d’emplois, en sont exclus. Cependant, le décret ne précise pas si des secteurs sont privilégiés ou, à l’inverse, exclus. Sans cadre directeur, le pays risque d’attirer des capitaux dans des projets peu créateurs d’emplois locaux ou peu respectueux de l’environnement, un enjeu crucial pour le Gabon, pays forestier.  La clé du succès résidera donc dans la transparence du processus d’attribution et la lutte contre toute forme de copinage. Il sera essentiel de démontrer que les critères sont économiques et non politiques.
 
La création de cette carte est un signal fort envoyé à la communauté internationale. Elle acte la volonté du Gabon de s’ouvrir aux grands investisseurs. Cependant, son succès ne se mesurera pas au nombre de cartes distribuées, mais à la qualité et à l’impact des projets qu’elle permettra de générer. La balle est désormais dans le camp du gouvernement pour créer un environnement des affaires suffisamment robuste et transparent afin que cette promesse séduisante sur le papier devienne une réalité économique bénéfique pour l’ensemble du pays.

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