FlashReportageSociété

Gabon: la justice à l’heure de l’histoire dans le dossier des crimes économiques et financiers

C’est une date qui s’annonce déjà comme une pierre angulaire dans l’édifice judiciaire gabonais. Ce mercredi 29 octobre 2025, le procureur général près la Cour d’appel de Libreville, le Dr Eddy Minang, a fixé au 10 novembre l’ouverture d’une session criminelle spéciale. Plus qu’une simple audience, cette juridiction d’exception incarne un moment de vérité sans précédent, chargé de symboles et de conséquences pour la nation.
 
Sous l’égide du Dr Minang, le Parquet général engage une procédure d’une portée historique, destinée à juger les délits économiques et financiers qui auraient ébranlé les fondements de l’État. Au cœur de ce tribunal, composé de cinq magistrats et quatre assesseurs tirés au sort, se tiendra le procès très attendu de l’ancienne première dame, Sylvie Aimée Marie-Valentin Bongo, de son fils aîné Noureddin, et de dix autres coaccusés. L’opinion publique, longtemps suspendue aux promesses de reddition des comptes, observe avec une intensité rare la mise en scène judiciaire de cette affaire emblématique.
Le procureur général a tenu à souligner, avec une rigueur toute procédurière, que « toutes les diligences en vue de la tenue d’un procès juste, transparent, équitable ont été accomplies ». Par cette annonce solennelle, il ne fait pas que respecter les formes ; il inscrit son action dans une quête de légitimité restaurée. Les infractions au menu — concussion, corruption, traite d’êtres humains — dessinent les contours d’une enquête d’ ampleur exceptionnelle.
 
La minutie dont fait preuve le parquet est palpable. La citation à domicile de Mme Bongo et de son fils, à leur villa de la Sablière, bien qu’ils résideraient à Londres, est fondée sur une interprétation stricte du Code civil. Cette précision n’est pas anodine : elle témoigne d’une volonté d’ancrer le procès dans l’intangibilité du droit, contre toute considération politicienne.
Malgré les refus de notification constatés par huissier à l’encontre de l’avocate de la défense, le Dr Minang réaffirme son attachement indéfectible aux principes du contradictoire, des droits de la défense et de la présomption d’innocence. Ce n’est pas un hasard : à travers ce procès, c’est l’État de droit lui-même qui est en  jugement.
 
Dans le box des accusés, d’anciens piliers du régime déchu — Steeve Nzegho Dieko, Cyriaque Mvourandjiami, Jessye Ella Ekogha et d’autres — devront répondre de leurs actes. Leur comparution collective dans une audience publique, quoi qu’il advienne, marquera un tournant dans la mémoire judiciaire du Gabon.
 
Ainsi, le 10 novembre 2025, sous les voûtes du palais de justice de Libreville, ce ne seront pas seulement des individus qui seront jugés, mais une époque tout entière. Le Dr Eddy Minang et le Parquet général endossent ici un rôle qui dépasse la fonction : celui d’ architectes d’une justice en devenir, ferme dans ses principes, transparente dans ses méthodes, et historique dans sa portée.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page