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Gabon : le football, star unique et vorace d’un paysage sportif anémié

Handball, Volley, Karaté, Basket... Condamnés à jouer les figurants dans l'ombre du géant, ces sports luttent pour ne pas devenir de simples souvenirs.

À Libreville, les terrains de football, verts et bien entretenus, dessinent une carte géographique de l’injustice sportive. Tandis que le ballon rond engloutit lumière et finances, une myriade d’autres disciplines, pourtant prolifiques en talents et en médailles, agonisent dans l’indifférence générale. Leur seul espoir : que les autorités daignent regarder ailleurs.
 
Au Gabon, le sport a un visage, et un seul : le football. Les autres disciplines peuvent bien exister, elles ne font que survivre, reléguées au rang de parents pauvres dans leur propre pays. Cette hégémonie n’est pas une simple préférence, c’est un étouffement organisé qui menace de réduire au silence tout un pan du potentiel sportif national.
 
Pendant que les footballeurs paradent, les karatékas, eux, collectionnent les médailles dans l’anonymat le plus total. David Obissa, capitaine des Panthères, résume la situation avec une ironie mordante : « Nous aimerions que la tutelle nous accompagne… ne serait-ce que pour avoir un dojo digne de ce nom. Un concept apparemment révolutionnaire, que des pays comme le Maroc ou le Sénégal ont déjà osé adopter. »
Le constat est encore plus cinglant dans la bouche de Me Claude Pamphil Oyouomi Andimi, Président de la Fédération. Il délivre une statistique qui en dit long sur le « soutien » apporté : « En deux mandats de 4 ans, on a pu sortir du Gabon qu’une seule fois. » La suite est une gifle adressée à ce désintérêt : « Dès qu’on leur en donne l’occasion, ils reviennent tous couverts de médailles. » Le message est limpide : « Nous aussi, nous sommes l’équipe nationale du Gabon. La version qui gagne souvent, mais que personne ne voit. »
 
Du côté du basket, on tente de faire bonne figure. Sur les terrains de la Baie des Rois, une lueur d’espoir est soigneusement entretenue, souvent par des initiatives privées et la bonne volonté d’anciennes gloires comme Géraldine Robert.
 
Cyrielle Matsounga, coach, se réjouit de petits progrès : « Les jeunes ont plus de chance que nous, ils ont des camps… » Une amélioration relative qui ne masque pas l’immensité du chemin restant à parcourir. Géraldine Robert, infatigable promotrice, tempère cet optimisme de façade : « Il y a certes des choses qui se font, mais à une échelle microscopique ». Son appel sonne comme un reproche élégant : « On aimerait que les regards se tournent enfin vers nous. Il est temps de dire à ces jeunes qu’ils peuvent rêver plus grand qu’à un simple terrain de quartier. »
 
Le constat est sans appel. La stratégie sportive gabonaise, si elle existe, souffre d’un coupable monolithisme. Comment expliquer qu’on continue à investir massivement dans une seule discipline, tandis que d’autres, qui rapportent pourtant des titres et de la fierté internationale, sont condamnées à mendier des miettes ?
 
Le message des autres fédérations n’est pas une demande, c’est une mise en garde. Ils forment la jeunesse, ils ramènent des honneurs, et réclament simplement un droit à l’existence. Sans un changement radical de cap des autorités, le Gabon sportif ne sera plus qu’une nation à un seul talent, regardant impuissant le reste de son potentiel s’éteindre, faute d’avoir été regardé, écouté, et simplement cru.

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