FlashReportageSanté
Gabon : la double peine des patients atteints de cancer, entre silence brisé et soins inaccessibles
Alors qu’Octobre Rose a baissé ses rideaux , la colère et la détresse éclatent au grand jour. Abandonnés par un système de santé asphyxié par les dettes, des milliers de malades luttent pour leur survie, sans traitement ni espoir immédiat.

Derrière les rubans roses et les campagnes de sensibilisation, une autre réalité, brutale et silencieuse, se joue au Gabon : celle de milliers de patients atteints de cancer, condamnés à attendre des soins qui ne viennent jamais. Paralysé par des dettes de plusieurs milliards, le système de santé laisse les pharmacies exsangues et les malades, pourtant assurés, livrés à eux-mêmes. Un drame humain qui a poussé un collectif de patients à briser l’omerta.
Vendredi 31 octobre, en plein cœur de ville, leur assemblée générale s’est transformée en un cri de détresse. Brandissant des banderoles aux messages poignants – « Abandonnés par l’État, abandonnés par la CNAMGS. Devons-nous tous mourir ? » –, ils ont dénoncé l’indifférence des décideurs face à une urgence sanitaire qui se vit pourtant à ciel ouvert.
Paroles de survivantes : l’impasse financière et administrative

Parmi les visages de cette mobilisation, celui de Félicia Annick, qui refuse, elle, la honte souvent associée à la maladie. « Beaucoup de personnes n’ont pas le courage de sortir et de parler. Dans mon cas, je suis à 600 000 francs de frais d’ordonnance tous les 21 jours. Où est-ce que je les trouve ? », interroge-t-elle, le regard déterminé mais l’épuisement palpable.
À ses côtés, Stéphanie, 38 ans, incarne une urgence plus critique encore. Atteinte d’un cancer des ovaires, elle est visiblement épuisée par des mois de souffrance sans traitement approprié. Soutenue par deux camarades d’infortune, elle tient à peine debout. « La ligne de chimiothérapie dont j’ai besoin n’est pas disponible au Gabon », explique-t-elle d’une voix faible. Malgré deux courriers déposés à la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAMGS), aucune réponse. Son état nécessiterait une évacuation sanitaire à l’étranger, un recours aujourd’hui financièrement hors de portée.
Une lueur d’espoir, mais des demandes essentielles
Face à la mobilisation, une première réponse des autorités est intervenue. Selon Gabon Télévision, un don de médicaments gratuits a été mis à disposition des malades dès le 1er novembre au siège du Samu Social.
Si le collectif salue ce geste, il rappelle que l’urgence va au-delà d’un approvisionnement ponctuel. Les patients réclament un accès durable à la chimiothérapie, la construction de structures de cancérologie dans les grandes villes du pays et une disponibilité permanente des médicaments. Des revendications qui touchent à l’essence même du droit à la santé.
Et maintenant ? L’appel à une chaîne de solidarité nationale
Le combat de Stéphanie, de Félicia et de milliers d’autres ne doit pas rester sans écho. Leur histoire n’est pas seulement un constat d’échec systémique ; c’est un appel pressant à la solidarité nationale. Face à la carence des institutions pourvues en médicaments , c’est souvent la société civile, les entreprises et les citoyens qui peuvent faire la différence.
La survie de ces patients ne peut plus attendre. Il est temps que les promesses se transforment en actes et que la chaîne de solidarité s’organise, pour qu’aucun malade ne se sente plus jamais abandonné.



