
À 24 heures de l’ouverture du procès très attendu de l’ancienne Première dame du Gabon, Sylvia Bongo Ondimba, de son fils Noureddin Bongo Valentin et de onze autres coaccusés, le mouvement « Les citoyens indignés » a tenu à exprimer publiquement son exigence de voir les prévenus comparaître devant la justice.
Le procès, qui s’ouvre ce lundi 10 novembre au parquet général de Libreville, vise à juger des faits de détournement de fonds publics, corruption active, concussion et association de malfaiteurs, entre autres chefs d’accusation.
Une défense qualifiée de « fantasmagorique »

Le coordonnateur du mouvement, Ghislain Ngui Nzé, a fermement dénoncé la stratégie de défense adoptée par le camp des principaux accusés. « Nous dénonçons les fantasmes du clan Sylvia Bongo, Noureddin Bongo et alliés, prétendument axés sur les questions des droits de l’homme », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Ce débat furtif et échappatoire que l’on veut nous imposer est déjà une preuve de culpabilité. Car dans leur récit fantasmagorique, ils occultent de se prononcer sur les chefs d’accusation qui pèsent contre eux, sous le voile de pseudo difficiles conditions d’incarcération. »
L’autorité de la justice reconnue… ou contestée selon les circonstances

Stevee Essima, un autre membre du collectif, a pointé du doigt ce qu’il perçoit comme une incohérence dans l’attitude des prévenus. « Lorsqu’il fallait faire requête pour demander leur mise en liberté provisoire, ils ont reconnu l’autorité de la justice gabonaise. Mais aujourd’hui pour venir assumer leur responsabilité ou pour venir se défendre selon le principe judiciaire, ils estiment que cette justice est une justice périphérique. C’est cela qui nous indigne aujourd’hui », a-t-il affirmé.
Mise en garde contre la politisation du procès
Un troisième intervenant, Brice Liviu Eyinga, est intervenu pour appeler à une lecture strictement juridique des éléments du dossier. « Une déclaration en droit ne peut pas constituer un élément sur lequel on peut prouver l’implication du chef de l’Etat dans un ordre quelconque qui aurait été donné », a-t-il estimé, soulignant la nécessité de preuves matérielles pour établir des liens.
Enfin, Arnaud Lilian Bilie conclut en appelant à préserver l’indépendance de la justice. Rappelant que « plusieurs personnes n’ont même pas eu le droit de réponse quand elles s’exprimaient sur les réseaux sociaux, le lendemain elles étaient incarcérées », il a exprimé un espoir : « Nous croyons aujourd’hui que la justice sous la Vè République apporte une nouvelle dynamique. Il faut éviter de la politiser. »
L’ouverture de ce procès hautement sensible est donc précédée d’un vif débat sur la tenue effective des audiences et sur les conditions dans lesquelles la justice doit rendre ses verdicts.



