
Un fait pour le moins insolite secoue le port minéralier d’Owendo, suscitant l’émoi et une intense enquête. Dans la nuit du 6 au 7 novembre, un vraquier répondant au nom de Jacob H se serait évanoui dans la nature après avoir chargé une précieuse cargaison de manganèse, évaluée à près de 48 000 tonnes. Selon le journal Gabon D’Abord, qui rapporte l’information, cette disparition relèverait d’un « acte de haute piraterie ».
Le récit, tel que rapporté par la presse locale, tient du film d’action. Aux alentours de 4 heures du matin, le Jacob H, qui était stationné à quai depuis plusieurs jours, se serait mystérieusement désarmé . Profitant de l’obscurité et d’une apparente faille dans la surveillance, le navire aurait appareillé sans autorisation, disparaissant en mer avec son colossal chargement, et ce « sans que personne ne s’en aperçoive », ou presque.
La stupéfaction fut totale au lever du jour, lorsque les habitués du port ont constaté l’absence du vraquier. La Marine nationale gabonaise aurait immédiatement lancé des patrouilleurs à sa poursuite, mais sans succès.
Les premières investigations évoquées par les médias pointent vers une opération préparée de l’intérieur. Des cadres de la Marine marchande gabonaise seraient suspectés d’avoir facilité l’opération, agissant présumément en complicité avec un ressortissant chinois identifié comme le commanditaire.

Face à la gravité des faits, une plainte aurait été déposée à la Direction Générale des Recherches (DGR). Par mesure d’urgence, un signalement aurait également été transmis à Interpol pour tenter d’intercepter le navire dans les eaux internationales.
L’enquête se poursuivrait à un rythme soutenu. Des agents d’une importante société basée à Barracuda, citée dans l’opération, auraient été auditionnés. Les interrogatoires se seraient poursuivis tout au long de la journée de lundi, selon des sources difficiles à vérifier officiellement.
La tension est palpable au port d’Owendo, où cette situation « abracadabrante », pour reprendre le terme du journal, expose les vulnérabilités de la chaîne logistique et portuaire.
Cette affaire n’est pas sans rappeler un précédent retentissant qui avait défrayé la chronique en 2019 : le scandale du détournement de Kevazingo au même port d’Owendo. À l’époque, des conteneurs remplis de ce bois précieux, interdit à l’exportation, avaient été découverts alors qu’ils tentaient de quitter le Gabon illicitement. Cette affaire, qui avait impliqué de hauts responsables et secoué la classe politique, avait déjà mis en lumière les failles du système de contrôle et les risques de trafic au cœur des secteurs stratégiques du pays.



