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Gabon : l’ « affaire Opiangah », un autre test de crédibilité pour la justice sous la Vème République
La défense dénonce une perquisition « fantôme » et des accusations sans preuves, mettant en garde contre la persistance des méthodes de l’ancien régime.

À l’heure où le Gabon promet une refondation de l’État, un dossier devient le symbole du décalage entre les promesses et la pratique. Lors d’une conférence de presse musclée, les avocats d’Hervé Patrick Opiangah ont déposé une charge accablante contre l’enquête le visait, décrivant une justice en « panne » et sommant les nouvelles autorités de prouver, par des actes, que l’arbitraire a vécu.
Le cœur de l’affaire repose sur des accusations d’inceste et de viol datant de plus de deux décennies. Un dossier que la défense estime vide, car bâti sur un témoignage qui n’existerait pas. Me Paulette Oyane-Ondo a lancé cet argument comme un défi à l’accusation : « La victime… dit qu’elle n’a jamais été violée. Toujours, toujours, toujours, elle répète urbi et orbi qu’il n’y a jamais eu de viol. » Pour les conseils de M. Opiangah, cette plainte, déposée alors que la personne concernée est aujourd’hui âgée de 34 ans, manque de la base minimale pour justifier la suite des procédures.
La perquisition « fantôme », ou la justice sans preuve
L’argument le plus lourd avancé par la défense concerne la saisie, le 20 novembre 2024, de biens d’une valeur considérable – incluant des montres de luxe estimées à 900 millions de FCFA, des bijoux, des devises et des passeports. Les avocats qualifient cette opération de « fantôme » car elle se serait déroulée en dehors de tout cadre légal.
Ils affirment catégoriquement qu’aucun mandat n’a été présenté, que le consentement du propriétaire n’a pas été obtenu et que les dispositions du Code de procédure pénale ont été ignorées. Plus grave encore, les preuves matérielles de cette saisie n’existeraient tout simplement pas : aucun procès-verbal n’aurait été dressé sur le champ et, élément crucial, aucun scellé n’a été constitué.
L’absence de ces scellés a été actée par le juge d’instruction lui-même, qui a rejeté la demande de restitution des biens… au motif qu’il n’avait aucune pièce matérielle à examiner. Pour la défense, cette situation relève de l’absurde et démontre une illégalité flagrante.
Un cas d’école pour la nouvelle gouvernance
Au-delà de la défense de leur client, les avocats présentent cette affaire en un test de crédibilité pour les nouvelles institutions. La « panne » de la justice qu’ils dénoncent n’est pas une simple métaphore ; elle décrit un système où les règles les plus élémentaires peuvent être contournées.
Leur appel est donc un signal d’alarme lancé aux plus hautes sphères de l’État : les nouvelles autorités interviendront-elles pour corriger ces dysfonctionnements et garantir la légalité, ou laisseront-elles persister des méthodes qui sapent la confiance dans la refondation promise ? La manière dont les institutions traiteront la demande de restitution des biens saisis – ou plutôt, « non-saisis » faute de preuve – sera scrutée comme le premier indice tangible de la nouvelle ère judiciaire gabonaise.



