
À 56 ans, Pierre Matthieu Obame Etoughe a été officiellement installé ce lundi dans ses fonctions de maire de la capitale gabonaise. Son élection, intervenue dimanche 9 novembre par le conseil municipal, couronne un parcours de cadre supérieur de l’administration et de militant fidèle du parti au pouvoir. Il hérite d’une métropole aux défis immenses, où les attentes de la population sont particulièrement fortes.
Un parcours administratif au service de l’État
Né le 21 septembre 1969, Pierre Matthieu Obame Etoughe est un pur produit du système éducatif gabonais, formé à Libreville et à Masuku (Franceville). Sa carrière professionnelle l’a rapidement conduit vers les hautes sphères de l’administration. Cadre supérieur des travaux publics, il a occupé pendant plusieurs années le poste stratégique de Secrétaire général du Ministère des Travaux publics, un rôle clé dans la gestion des infrastructures nationales.
En mars 2024, il a été remplacé à ce poste par Sylvain Patrick Enkoro, avant d’être nommé, lors du Conseil des ministres du 19 décembre 2024, inspecteur général technique au Contrôle général d’État. Cette nomination préfigurait très probablement son ascension vers de plus hautes responsabilités politiques.
Sur le plan partisan, il est un militant de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), le parti du président Brice Clotaire Oligui Nguema. Son élection au poste de maire est intervenue après sa victoire aux élections locales du 27 septembre dernier, où il a été élu conseiller municipal.
Une élection sans surprise dans un contexte politique spécifique
Candidat unique à la mairie, Pierre Matthieu Obame Etoughe a obtenu 148 voix sur 151 votants, démontrant un large consensus au sein du nouveau conseil municipal. Son élection respecte également une loi non écrite qui réserve traditionnellement ce poste symbolique et politique à un originaire de la province de l’Estuaire, dont Libreville est le chef-lieu.
Il succède à Adrien Nguema Mba, qui avait été nommé Délégué spécial de la commune à la suite du coup d’État du 30 août 2023, remplaçant lui-même le général de brigade Judes Ibrahim Rapontchombo, installé par la junte militaire. Son élection marque ainsi une étape dans la normalisation de la gestion municipale après plus de deux ans d’administration exceptionnelle.
Les défis majeurs qui attendent le nouveau maire


La cérémonie de passation de pouvoir, présidée par le ministre de l’Intérieur, ouvre un chapitre exigeant pour le nouveau maire. Pierre Matthieu Obame Etoughe devra rapidement se confronter à plusieurs dossiers urgents : la propreté de la capitale reste une préoccupation majeure des Librevillois. La gestion souvent erratique de la collecte des ordures et l’envahissement des quartiers par les déchets constituent un défi sanitaire et environnemental de premier ordre. L’état dégradé de la voirie, les embouteillages chroniques aux heures de pointe et la rénovation des équipements publics urbains demandent un plan d’action ambitieux et des investissements conséquents. De nombreux habitants, notamment dans les quartiers périphériques, dénoncent des difficultés d’accès à l’eau potable, à l’électricité et à un assainissement efficace. Répondre à ces besoins essentiels sera un test crucial pour la nouvelle municipalité. Enfin, stimuler l’économie locale, soutenir les petites et moyennes entreprises et créer des emplois pour la jeunesse librevilloise figurent parmi les attentes les plus pressantes.
Fort de son expérience dans les travaux publics, Pierre Matthieu Obame Etoughe dispose d’un atout indéniable pour relever le défi des infrastructures. Cependant, sa capacité à incarner un leadership rassembleur et à traduire ses promesses en actions tangibles pour les citoyens sera scrutée à la fois par les autorités et par une population en attente d’une amélioration concrète de son cadre de vie. Son mandat de cinq ans s’annonce dès à présent comme une lourde charge.



