La Confédération Africaine de Football (CAF) a adressé une mise en demeure officielle à la Fédération Gabonaise de Football (Fegafoot) et à l’équipe nationale, le 21 novembre. La raison invoquée est le non-respect des règlements : les équipements soumis pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) ont été jugés non conformes, non originaux et non enregistrés. Cette décision plonge la sélection gabonaise dans l’incertitude à quelques jours du tournoi.
La fin du partenariat Puma, point de départ de la crise
La genèse de cette affaire remonte à la fin du contrat liant le Gabon à l’équipementier allemand Puma. Ce partenariat, déjà vivement critiqué pour son manque de valeur ajoutée – se limitant à une simple fourniture d’équipements sans réelle stratégie de sponsoring –, est arrivé à son terme. Une prolongation précaire avait été accordée pour couvrir les barrages de qualification à la Coupe du Monde, mais la recherche d’une solution pérenne était devenue une priorité.
L’émergence de « Gaboma », une solution 100% gabonaise précipitée
Dans la foulée, un projet ambitieux mais précipité a vu le jour : la création d’une marque d’équipementier sportif national, baptisée « Gaboma ». Piloté par un trio composé de la Fegafoot, de l’Office National du Développement du Sport (ONDS) et du sélectionneur Thierry Mouyouma, ce projet bénéficiait du soutien politique et d’un financement de 300 millions de F CFA débloqué par la Présidence de la République.
L’objectif affiché était triple :
Tourner la page de l’ère Puma.
Incarner un patriotisme et une identité gabonaise à travers une marque locale.
Utiliser le budget alloué pour l’achat intégral des équipements de la CAN.
Le « Gaboma Gate » : entre improvisation et manquements réglementaires
Cependant, cette transition s’est apparemment faite dans la précipitation. La marque « Gaboma » et ses produits n’ont visiblement pas suivi les procédures d’homologation et d’enregistrement obligatoires auprès de la CAF. L’envoi des équipements à l’instance dirigeante, comme s’ils étaient conformes, a déclenché la mise en demeure.
Cette affaire, déjà surnommée le « Gaboma Gate », soulève plusieurs questions au-delà de la simple gestion fédérale :
Jusqu’où le sélectionneur a-t-il été associé à ce choix stratégique ?
A-t-il validé la qualité et la conformité des équipements, ou a-t-il fermé les yeux sur un projet patriotique aux contours flous ?
Le football gabonais face à une crise de gestion inédite
Alors que les Panthères devraient se concentrer sur la compétition, le Gabon se retrouve empêtré dans une crise administrative et logistique de son propre fait. Cette histoire d’équipements « bricolés » – mêlant précipitation, volonté d’affirmation nationale et manquements aux règles illustre les difficultés de gestion du football gabonais. Le pays réussit le triste exploit de se mettre en difficulté sportive et institutionnelle… avant même le premier coup de sifflet de la CAN.
