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Bamako lance la machine confédérale : l’AES se prépare pour son deuxième sommet
Entre souveraineté affichée et montage institutionnel, les hauts fonctionnaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger se réunissent pour une semaine de travail intense avant le grand show des chefs d’État.

C’est parti pour une semaine de marathon diplomatique à Bamako. Ce lundi 15 décembre ont débuté, avec solennité, les travaux préparatoires du deuxième sommet de la Confédération des États du Sahel (AES). Jusqu’au 23 décembre, hauts fonctionnaires, ministres et, enfin, les trois présidents – Assimi Goïta, Ibrahima Traoré et Abdourahamane Tiani – vont enchaîner les réunions pour donner un peu plus de chair à cette alliance née d’un triple coup de colère contre l’Occident et la CEDEAO. Objectif affiché : prouver que l’AES est bien plus qu’une simple alliance de circonstance.

Sur la table des experts ce lundi : l’épineux dossier du « bilan de la première année ». Une année où l’urgence sécuritaire a souvent primé sur les grands chantiers structurants. Il faut aussi discuter des relations, toujours glaciales, avec la CEDEAO, et valider une série de textes juridiques pour que la « Confédération » sonne un peu moins creux institutionnellement. Un travail de fond, loin des micros et des déclarations enflammées, mais essentiel pour crédibiliser le projet.
La cérémonie d’ouverture n’a pas failli à la règle du genre. Les représentants du Burkina Faso et du Niger ont rivalisé de rappels à la « souveraineté retrouvée » et à la « volonté politique inébranlable » de leurs dirigeants. Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a ensuite pris le relais pour vanter les « efforts mutualisés » et les « projets structurants ». Parmi ces derniers, la fameuse Banque confédérale pour l’investissement et le développement (BCID) – dont on attend toujours de voir les premiers francs CFA – ou la « force unifiée de l’AES », dont les réalisations sur le terrain restent discrètes.
Entre réalités tangibles et projets ambitieux
L’exercice des prochains jours est un savant mélange de pragmatisme et de communication. Les hauts fonctionnaires sont chargés de faire le tri entre ce qui a vraiment avancé (la coordination sécuritaire, certaine unité de ton diplomatique) et les dossiers qui patinent (l’intégration économique, les financements concrets). Ils doivent préparer le terrain pour que le sommet des 22-23 décembre puisse déboucher sur des annonces positives, sans être rattrapé par les détails techniques.
Le chemin est encore long. Derrière les discours sur la « rupture » et l’« indépendance », les trois pays restent confrontés à des défis sécuritaires et économiques immenses. Leur capacité à bâtir rapidement des institutions communes efficaces, avec des moyens limités, sera le vrai test de la solidité de la Confédération.
L’enjeu de ce sommet est donc double : consolider la dynamique interne de l’AES tout en envoyant un message de force et de cohésion à l’extérieur, notamment aux partenaires qui les observent avec scepticisme. La semaine à Bamako nous dira si la machine confédérale parvient à passer de la vitesse des déclarations à celle des réalisations. La suite au prochain sommet.



