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À la veille du vote de samedi, une juriste gabonaise dénonce les « fragilités » de la Constitution de 2024

Me Marlène Fabienne Essola Efountame appelle à une « 6ème République », estimant que le parlement est privé de son rôle de contre-pouvoir.

À la veille des élections législatives et locales du 27 septembre 2025, la voix de Me Marlène Fabienne Essola Efountame s’élève pour alerter sur ce qu’elle considère comme les failles structurelles de la Constitution gabonaise de 2024. Dans une déclaration citoyenne rendue publique, l’avocate, qui n’est pas candidate à ces élections, dresse un réquisitoire sévère contre un texte qui, selon elle, réduit le Parlement à une « chambre d’enregistrement » et vide de sa substance le principe de séparation des pouvoirs.
 
Ce discours intervient dans un contexte politique marqué par la fin de la transition et l’élection du général Brice Clotaire Oligui Nguema à la présidence en avril 2025, après l’adoption de la nouvelle Loi fondamentale par référendum en novembre 2024. Le scrutin de samedi est présenté par les autorités comme une étape cruciale pour la « consolidation de notre démocratie ».
 
Le cœur du message de Me Essola Efountame porte sur le déséquilibre institutionnel qui instaurerait la constitution actuelle.
 
Un Parlement sans pouvoir de censure : La juriste affirme que l’Assemblée nationale est privée de son pouvoir fondamental de contrepoids. Elle souligne l’absence de mécanisme de censure efficace et le fait que le Président de la République peut opposer un « veto permanent » en exigeant de nouvelles délibérations ou en saisissant une Cour constitutionnelle perçue comme favorable à l’exécutif.
 
La neutralisation de l’opposition : Que la majorité parlementaire lui soit acquise ou non, le chef de l’État disposerait, selon l’avocate, des outils pour neutraliser l’opposition, notamment via le pouvoir de dissolution.
 
Un régime hyper présidentiel : Me Essola Efountame dénonce la concentration des pouvoirs entre les mains du Président, qui est à la fois chef de l’État et chef du gouvernement, nomme les ministres et n’est pas responsable devant l’Assemblée. Cette analyse rejoint celle de certains observateurs qui qualifient le nouveau régime instauré par la Constitution de 2024 « d’hyper présidentiel ».
 
Un appel à une « 6ème République »
 
Face à ce constat, l’avocate lance un appel solennel à une refondation complète des institutions.
Elle plaide pour l’avènement d’une « 6ème République » qui serait basée sur :
Le retour au bicéphalisme exécutif (séparation des fonctions de chef de l’État et de chef du gouvernement).
L’attribution de pouvoirs autonomes et effectifs à chaque institution.
La mise en place de mécanismes clairs d’équilibre des pouvoirs.
 
Elle argue qu’une démocratie sans séparation effective des pouvoirs « n’est pas une démocratie, mais une mise en scène », et que les élections en cours serviraient davantage à renforcer l’exécutif qu’à donner une voix réelle au peuple.
 
Un débat dans le paysage politique gabonais
 
La critique de Me Essola Efountame n’est pas isolée, mais elle contraste avec l’opinion d’autres analystes. Pour le politologue gabonais Jean Delors Biyogue, si la nouvelle constitution instaure un régime « hyper présidentiel », elle comporte aussi des garde-fous, comme l’élargissement des possibilités de destitution du président et des garanties pour l’indépendance de la justice. Le gouvernement actuel met en avant les avancées de la Transition, comme la limitation des mandats présidentiels, comme des preuves de son engagement démocratique.
 
Alors que les Gabonais s’apprêtent à élire leurs nouveaux représentants, le discours de Me Essola Efountame relance le débat sur la nature du régime politique et la capacité des futures institutions à incarner un équilibre des pouvoirs capable de garantir une démocratie durable.

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