FlashInternationalReportage
Libération des policiers maliens : une victoire pour le régime?

Abdourahamane Dembélé et Boubacar Dabo, les deux policiers enlevés il y a plus d’un mois par le groupe jihadiste JNIM, ont enfin été libérés. Les autorités maliennes de transition, qui avaient été humiliées par la diffusion d’une vidéo de propagande montrant leurs agents suppliant d’être sauvés, peuvent enfin souffler. Une opération de communication en moins à gérer.
Le dénouement de cette crise est survenu le 8 septembre, mais dans la plus grande opacité. Comme à son habitude, le régime du Général Goïta a officialisé la bonne nouvelle sans fournir le moindre détail sur les modalités précises de cette libération. Rançon versée ? Échange de prisonniers ? Opération commando héroïque ? Le communiqué officiel, lui, préfère mettre en avant un protocole de prise en charge psychologique impeccable et une audience solennelle avec le chef de l’État, grand classique de la mise en scène destinée à masquer les zones d’ombre.
Le ministre de la Sécurité, lui, est sorti du bois pour attribuer ce succès à la collaboration efficace de l’armée et des services secrets. Un discours bien rodé qui vante le professionnalisme des forces et l’engagement inébranlable contre le terrorisme. Pendant ce temps, sur le terrain, la JNIM continue allègrement ses attaques aux drones, ses sabotages et ses massacres de civils, prouvant que la communication militaire et la réalité sécuritaire sont deux univers parallèles.
Quelques jours plus tôt, l’armée tentait déjà de rassurer l’opinion publique. Son porte-parole, le Colonel-major Souleymane Dembélé, s’est employé à minimiser la menace. Des attaques ennemies ? De simples incursions de 20 à 30 minutes destinées à semer la peur. Un blocus des routes ? Pure manipulation informationnelle. On se demande presque pourquoi ces deux policiers étaient si inquiets.
Dans le même discours, l’armée a brandi l’épouvantail d’une tentative de putsch déjouée et l’arrestation de généraux et d’un Français, parfaits boucs émissaires pour justifier la répression et appeler à l’unité nationale dans un élan patriotique soigneusement orchestré.
En résumé : deux hommes sont libres, et c’est une excellente nouvelle pour eux et leurs familles. Pour le régime, c’est une victoire médiatique cruciale qui permet d’occulter, l’espace d’un communiqué, l’inquiétante persistance de l’insécurité et les méthodes peu transparentes du pouvoir.