
Le Gabon étouffe sous les dettes. Déjà lourdement endetté, le pays voit sa facture s’alourdir inexorablement, avec une dette publique qui a atteint un record de 12,8 milliards de dollars en mars 2025. Le défi est de taille : répondre aux besoins de la population sans creuser un trou encore plus profond.
Et le pire est peut-être à venir. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, la dette gabonaise devrait s’envoler pour frôler les 86 % du PIB d’ici 2027, pulvérisant allègrement le plafond de 70 % imposé par la communauté économique d’Afrique centrale (CEMAC). Une ligne rouge que le pays a d’ailleurs déjà franchie depuis 2024.
La facture d’une politique « trop généreuse »
Mais comment en est-on arrivé là ? Deux facteurs se conjuguent pour créer cette tempête parfaite. Les dépenses s’emballent : Le gouvernement a mené une politique du « toujours plus », avec une hausse vertigineuse de 24 % des dépenses en 2024. Au menu : un boom des investissements dans les routes et l’électricité (+155%) et une générosité accrue pour les aides sociales et les subventions (+48%). Les recettes pétrolières flanchent : Pilier de l’économie, l’or noir rapporte moins. Et malgré les progrès du recouvrement des impôts, la digitalisation n’a pas suffi à combler le trou.
Le cercle vicieux de la dette
Pour éviter l’étouffement, les autorités tentent de jouer sur la durée. Elles rachètent et reprofilent la dette pour étaler les paiements. Mais le remède a du mal à suivre le mal : le service de la dette (les intérêts et le capital à rembourser) est devenu un monstre, dévorant 42,6% des recettes de l’État en 2024.
Pire, les créanciers se méfient. Les agences de notation Fitch et Moody’s ont dégradé la note du Gabon en 2024, ce qui se traduit par des emprunts bien plus coûteux. La preuve criante : en février 2025, le pays a dû emprunter à un taux d’intérêt prohibitif de 12,7%, un niveau qui reflète un risque de défaut très élevé. En parallèle, les arriérés de paiement s’accumulent.
Des perspectives en demi-teinte
Face à ce tableau noir, la Banque mondiale se montre pessimiste. Elle anticipe une croissance atone (environ 2,4% par an) et des déficits abyssaux supérieurs à 5% du PIB jusqu’en 2027.
Son verdict est sans appel : pour éviter le naufrage, le Gabon n’a d’autre choix qu’un coup de frein budgétaire brutal et une accélération des réformes. Il va falloir rationaliser les dépenses, dépenser mieux et trouver de l’argent ailleurs que dans le pétrole. La marge de manœuvre est mince, et le temps est compté.