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Trump veut libérer le Nigeria, les Nigérians perplexes face à la « menace »

L'Union Européenne condamne fermement, puis propose un groupe de travail et des biscuits.

Dans un coup de maître stratégique qui a laissé les chancelleries du monde entier aussi médusées que devant un épisode de L’Amour est dans le pré, l’ancien président Donald Trump a menacé d’envoyer la 82e Airborne pour libérer le Nigeria d’un péril qu’il est apparemment le seul à voir aussi clairement : un « génocide des chrétiens ».
 
Depuis son QG de Mar-a-Lago, entre deux parties de golf et un burger bien gras, M. Trump a déclaré sur Truth Social : « Le Nigeria est en train de commettre le génocide des chrétiens. C’est triste ! Tout le monde le dit. Si ces gens (ndlr : le gouvernement nigérian) ne sont pas capables de régler ça, nous, les États-Unis, nous le réglerons pour eux. Nous avons les meilleurs avions. Les meilleures troupes. Tout le monde le dit. »
 
Abuja répond : « Merci, mais non merci, on a déjà Boko Haram »
 
La réaction du gouvernement nigérian a été un modèle de diplomatie sous calmant. Dans un communiqué aussi mesuré que énervé, le ministère des Affaires étrangères a remercié les États-Unis pour leur « constante préoccupation » avant de rappeler, avec une patience d’enseignant en maternelle, que les groupes terroristes comme Boko Haram et la filiale d’Al-Qaïda « s’amusent à tuer tout le monde sans faire de détail confessionnel ». Musulmans, chrétiens, animistes, ou simples adeptes du footing du dimanche… la violence est un fléau aveugle qui frappe tous les Nigérians.
 
« Nous acceptons volontiers l’aide américaine en matière de renseignement et de formation », a précisé un porte-parole, « mais nous refusons catégoriquement qu’on vienne bombarder nos villages pour les sauver. C’est une nuance importante. »
 
Un expert local, joint au téléphone, a résumé la situation ainsi : « C’est comme si votre voisin, voyant que vous avez des cafards, proposait de raser votre maison avec un lance-flammes. L’intention est peut-être bonne, mais la méthode laisse à désirer. »
 
 
Comme à son habitude lorsque Trump sort du bois, l’Union Européenne a sorti l’artillerie lourde de sa communication. Après une réunion d’urgence de 48 heures à Bruxelles, les 27 ont publié une déclaration condamnant « fermement toute initiative unilatérale qui pourrait déstabiliser davantage la région ».
 
La Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a ajouté : « La complexité de la situation au Sahel ne saurait être résolue par des déclarations simplistes ou des interventions militaires précipitées. C’est pourquoi nous proposons la création immédiate d’un groupe de travail trilatéral, composé de sous-commissions, qui se réunira tous les six mois pour rédiger un rapport préliminaire sur la faisabilité d’une éventuelle feuille de route. » Des sources proches du dossier indiquent que l’UE enverra également 50 000 euros en aide humanitaire et… un container de pains d’épices de Nuremberg, symbole fort de la paix européenne.
 
 
À Maiduguri, dans le nord du pays, l’annonce de Trump a été accueillie avec un mélange de rire et d’effroi. « Trump veut nous envoyer des soldats ? » s’interroge Amina, une commerçante. « Ici, on manque d’eau potable, d’électricité et de sécurité. La dernière chose dont nous ayons besoin, ce sont des frappes aériennes de « libération ». Est-ce qu’il a déjà vu une frappe aérienne, lui ? Ça ne libère que l’âme du corps, et un peu trop vite à mon goût. »
 
De l’autre côté de l’Atlantique, des supporters de Trump se sont rassemblés devant un magasin d’ armes du Texas, scandant « Bomb the Hell out of Boko ! » sans être tout à fait sûrs de la localisation géographique du Nigeria ni de l’identité exacte de « Boko ».
 
Une chose est sûre : dans la grande foire d’ego de la politique internationale, le Nigeria refuse de devenir le théâtre d’une opération de communication à 4 étoiles. Le message est clair : « Merci pour la pensée, Donald, mais on va gérer nos problèmes nous-mêmes. Si vous voulez vraiment aider, envoyez des moustiquaires. »

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