
C’est officiel : du 22 au 26 octobre, la capitale gabonaise sera le nombril médiatique de l’Afrique. La 10ᵉ session du Conseil exécutif de la FAAPA (Fédération Atlantique des Agences de Presse Africaines, pour les intimes) a en effet choisi de poser ses valises à Libreville, prouvant ainsi le rôle « stratégique » du Gabon dans… eh bien, dans l’art de recevoir des colloques.
Une trentaine de directeurs d’agences de presse publiques, tous plus influents les uns que les autres (enfin, surtout sur le budget communication de leur pays), vont donc se réunir pour « échanger sur les grands défis du métier ». Au programme : comment lutter contre la désinformation (sauf celle émanant des palais présidentiels, bien entendu), comment mutualiser les moyens (lire : se partager les rare subventions qui restent) et comment former les journalistes à l’intelligence artificielle (c’est-à-dire, utiliser ChatGPT sans que cela se voit).
Une diplomatie du buffet gratuit
Mais ne nous y trompons pas : derrière ces grands discours sur l’éthique et la modernisation se cache une opération de communication aussi subtile qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ce sommet est en réalité le cheval de Troie du Gabon pour « renforcer sa visibilité sur la scène internationale » et faire oublier quelques petits détails domestiques. On appelle ça de la « diplomatie d’influence » ; à Libreville, on appelle ça « offrir un bon cocktail de bienvenue ».
L’Administrateur Directeur Général de l’AGP (Agence Gabonaise de Presse), Ghislain Etoughet Nzuet, n’a pas manqué de lâcher, visiblement ému : « Recevoir le Conseil exécutif de la FAAPA est pour nous un honneur et une responsabilité. C’est surtout l’occasion de montrer que nous aussi, on a un grand hôtel climatisé et des micros qui fonctionnent. Presque. »
Des résolutions qui vont (peut-être) changer le monde
Les participants ne vont pas se contenter de siroter des jus de bissap. Non, monsieur. Ils vont « adopter une série de résolutions » en faveur de la digitalisation, de la formation et des synergies. Des résolutions qui, comme par hasard, seront immédiatement imprimées sur du papier glacé avant de rejoindre le tiroir « très importantes idées pour plus tard », à côté des conclusions du colloque sur la pluviométrie en 2017.
Pour l’AGP, l’enjeu est de taille : il s’agit de « valoriser les talents nationaux » (ceux qui n’ont pas encore été recrutés par RFI), d’« attirer des partenariats techniques et financiers » (lire : trouver qui va payer les factures) et de préparer l’avenir d’une presse « plus compétitive et plus visible ». Visible ? Mission déjà accomplie : on en parle dans ce journal.
Le compte à rebours est lancé. Libreville, capitale africaine de la presse d’agence pendant cinq jours. Espérons simplement que le courant suivra.
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