
Alors que le gouvernement gabonais célébrait ses 100 jours avec la pompe d’un spectacle pyrotechnique, Alain-Claude Bilie-By-Nze, candidat à la présidentielle d’Avril 2025 et chef de file d’Ensemble pour le Gabon (EPG), a décidé de jouer les trouble-fêtes. Le mardi 19 août, lors d’une déclaration cinglante il a pointé du doigt ce qu’il considère comme une mascarade politique, exigeant des réponses claires sur l’épineuse question de l’île Mbanié et des frontières nationales.
Un gouvernement qui danse sur un volcan
Bilie-By-Nze n’a pas mâché ses mots : la communication gouvernementale des 100 jours n’est qu’un « écran de fumée » destiné à masquer les scandales et les difficultés sociales qui étouffent les Gabonais. Selon lui, le discours présidentiel du 16 août, vantant la fierté nationale et les pères fondateurs, a soigneusement évité les sujets qui fâchent – notamment la perte présumée de l’île Mbanié et le flou artistique entourant les localités de Mongomo et Ebebiyin .« Le peuple veut savoir ! » tonne-t-il, dans une formule qui rappelle étrangement les procès politiques des années 90. « Silence n’effacera pas cette blessure territoriale. »
Contradictions et double jeu
L’opposant relève avec ironie les incohérences du régime : d’un côté, on promet la fin de la géopolitique et de l’autochtonie ; de l’autre, on nomme des délégués spéciaux sur la base de leur origine ethnique. « Est-ce à dire que ceux nommés via la géopolitique étaient tous incompétents ? » s’interroge-t-il, soulignant que les investitures des partis proches du pouvoir (UDB et PDG) continuent de respecter scrupuleusement ces critères.
Mbanié : le trou noir diplomatique
La question territoriale devient la pierre angulaire de sa critique. Bilie-By-Nze exige des explications sur la décision de la Cour internationale de justice et le sort réservé à l’île Mbanié, ainsi qu’aux localités de Mongomo et Ebebiyin. « Où est passée la Commission chargée de suivre ce dossier ? » lance-t-il, dénonçant un silence coupable qui alimente les rumeurs.
La photo de Bilie-By-Nze, index droit collé à l’oreille, résume à elle seule sa stratégie : « J’écoute le peuple, contrairement à eux. » Une posture qui frise le caricatural, mais qui souligne son rôle de gardien des vérités dérangeantes. Il se présente en défenseur des laissés-pour-compte, face à un gouvernement accusé de recycler les vieilles recettes du système Bongo.
Dans cette ambiance de la politique gabonaise où chaque acteur joue sa partition, Bilie-By-Nze incarne le trublion qui refuse de suivre le script. Entre promesses non tenues et réalités amères, son intervention rappelle que les 100 jours du gouvernement Oligui Nguema sont peut-être moins un bilan qu’un rideau de fumée… et que le peuple, lui, attend toujours des réponses.
Moralité : Au Gabon, la politique reste un art où la communication l’emporte souvent sur l’action. Et Bilie-By-Nze, index sur l’oreille, semble dire : « Je vous entends à peine ? »